Mon intervention en faveur de l'adoption de la proposition de résolution sur l'Holodomor
Le 28 mars 2023, je suis intervenu à la tribune au nom de mon groupe parlementaire "Horizons et apparentés" dans le cadre des Questions au Gouvernement et des discussions relatives à la proposition de résolution portant sur la reconnaissance et la condamnation comme génocide de la grande famine de 1932-1933 artificiellement provoquée en Ukraine par les autorités soviétiques - connue sous le nom de "'Holodomor" .
A l'issue de ces discussions, la proposition de résolution a été adoptée par l'Assemblée nationale par 168 votes pour et 2 contre.
Retrouvez ci-dessous la vidéo et le texte de mon intervention.
"Il y a quatre-vingt-dix ans, un génocide a été commis en Ukraine, un génocide qui a coûté la vie à des millions de personnes, un génocide longtemps occulté par le pouvoir soviétique, un génocide toujours nié par le régime de Poutine. Mais la vérité n'est pas une opinion. Ce génocide porte un nom : l’Holodomor, « l’extermination par la faim ». C'est cette grande famine qui a frappé la République d'Ukraine dans l'URSS de 1932 et 1933. C'était bien un génocide car cette famine n’était le fruit ni du hasard, ni d'une catastrophe naturelle. Un génocide car il s'agissait bien d'un acte meurtrier pour briser la résistance des paysans ukrainiens face à la collectivisation forcée des récoltes. Une politique répressive délibérée de Staline.
Alors que l’occasion nous est donnée, chers collègues, de nommer comme il convient ce crime de masse, il est bon de rappeler pourquoi nous nous devons de le faire. D’abord et avant tout pour la mémoire des nombreuses victimes. Nous le devons ensuite à tous ceux qui voient ressurgir, dans les menaces d’aujourd’hui, le spectre des crimes d’hier. Il s'agit là d'une mémoire douloureuse qu'il nous faut commémorer. Ne nous y trompons pas : au funeste tableau des totalitarismes du XXe siècle, le stalinisme occupe une place prépondérante. Nous ne pouvons pas oublier les millions de victimes de cette doctrine totalitaire. Cette idéologie forgée dans le rejet des libertés individuelles, appuyée par un système carcéral inflexible, a marqué de sa cruauté l’histoire de tous les peuples de l’Est de l’Europe. N'oublions pas que l’Holodomor ne fut que l’un des nombreux crimes de ce régime autoritaire, probablement l’un des plus ignobles. A ce génocide s’ajoutent les autres famines, condamnations arbitraires, assassinats, exactions. Souvenons-nous que 1, 2, 3, 5 millions de morts ne doit jamais rester une statistique : c'est toujours une tragédie.
Cette proposition de résolution envoie un double message. Elle s'adresse d'abord à ceux qui souffrent, aujourd’hui encore, de l'absence de reconnaissance du caractère génocidaire de l’Holodomor. Elle s'adresse aussi à ceux qui refusent de regarder la vérité en face et souhaitent que le souvenir de ce massacre s’éteigne avec eux. Il s’agit donc et avant tout, de répondre à l’appel des Ukrainiens qui demandent la reconnaissance de ce génocide depuis de nombreuses années. Le Président de la Rada d'Ukraine renouvelait d'ailleurs cette demande ici, dans notre hémicycle, le 31 janvier dernier, Plusieurs de nos partenaires parmi nos alliés européens les plus proches, ont reconnu ce génocide. Nous devons, à notre tour, porter avec cette reconnaissance, un message de soutien fort au peuple ukrainien.
C'est ce que permet la proposition de résolution que nous examinons aujourd'hui à l’initiative d’Anne Genetet. Elle reconnait le caractère génocidaire de cette famine organisée, elle ouvre la voie à une reconnaissance internationale de l’Holodomor et, par extension, participe à honorer la mémoire de l'ensemble des victimes de génocides à travers le monde. Le groupe Horizons et apparentés soutient cette résolution et votera évidemment en faveur de son adoption."