Déplacement en Arménie et ma Question d'Actualité au Gouvernement sur la situation du pays
Mi-février, je me suis rendu en Arménie au sein d'une petite délégation française menée par l'ancien Premier ministre Edouard Philippe qui m'a convié en tant vice-président du groupe parlementaire d'amitié France-Arménie, secrétaire de la Commission des Affaires étrangères et député du groupe Horizons.
Cette visite nous a permis de rencontrer de nombreuses personnalités locales et de prendre toute la mesure de la situation en Arménie et de ses populations subissant le blocus imposé dans le Haut Karabakh par l'Azerbadjian avec qui le pays est en conflit.
Comme suite à ce déplacement, en séance du mardi 28 février des Questions d'Actualité au Gouvernement au sein de l’Hémicycle, j’ai interrogé Catherine Colonna, Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, sur la situation en Arménie et la position de la France .
► Retrouvez ci-dessous la vidéo de mon intervention et la réponse de la Ministre.
Ma question à la Ministre
"Ma question s’adresse à Madame la Ministre des Affaires étrangères.
La semaine dernière, Astrid Panosyan, Sophie Devedjian et moi-même, avons passé plusieurs jours en Arménie. C’était dans le cadre d’une délégation française conduite par Édouard Philippe.
Tous nos interlocuteurs ont manifesté leur reconnaissance pour le soutien constant de la France à l’engagement du gouvernement de Nikol Pashinian pour la démocratie et la paix dans son pays.
Et tous ont aussi exprimé leurs inquiétudes pour les 120 000 habitants du Haut Karabakh qui vivent dans une situation alarmante…
Cette forteresse naturelle de l’Artsakh a toujours servi de refuge aux Arméniens pourchassés par les envahisseurs. En bloquant le couloir de Latchine, le pouvoir azéri a mis le Haut-Karabakh sous embargo.
La population, majoritairement arménienne, est privée d’approvisionnement en denrées alimentaires, en gaz et en médicaments depuis plusieurs mois. Cette pénurie pourrait se transformer en crise humanitaire bien plus grave si elle se prolonge.
A Yerevan, nous avons rencontré les responsables de la mission d’observation de l’Union européenne. Cette mission civile se met en place alors même que, mercredi dernier, la Cour internationale de justice a ordonné aux Azéris de mettre fin au blocage vers l'Arménie. Cette décision, importante, reconnait que la région subit bien un blocus !
Dans ce contexte, on doit constater et regretter que le dialogue entre l’Arménie et l’Azerbadjian soit devenu impossible. Le groupe de Minsk, dont la France occupe la vice-présidence, est manifestement au point mort.
Une initiative franco-américaine pour faire aboutir une déclaration du Conseil de sécurité a échoué, en raison de l’opposition russe.
Alors, Madame la Ministre, la France peut-elle, doit-elle, prendre à nouveau l’initiative et proposer de nouvelles modalités de discussion ?
Il s’agit de permettre aux Arméniens de poursuivre la transition démocratique qu’ils ont engagée en 2018."
La réponse de Catherine Colonna
"Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les Députés, Monsieur le Député Portarrieu,
Oui, le blocage du corridor de Latchine depuis le 12 décembre est inacceptable. Inacceptable en raison des conséquences humanitaires graves qu'il entraîne pour la population du Haut Karabakh mais aussi parce qu'il contribue à alimenter les tensions et à ainsi amenuiser les chances de conclure un accord de paix entre l'Arménie et l'Azerbadjian.
Alors, nous le redisons, la libre circulation doit être rétablie sans délai. En effet, la Cour internationale de justice a rendu le 22 février une ordonnance confirmant qu'il s'agit bien d'une obligation pour l'Azerbadjian. La Cour a dit le droit et donc le droit doit être respecté.
Depuis le début de cette crise, la France agit et elle agit avec détermination. Elle a contribué à la mise en place d'une mission d'observation européenne en Arménie qui est désormais opérationnelle. Elle agit au Conseil de sécurité. Elle mène des contacts aussi au plus haut niveau avec les deux pays. Elle a également doublé son soutien aux actions du comité international de la Croix Rouge sur place qui distribue l'aide humanitaire.
Bien sûr, la priorité immédiate reste le déblocage du corridor, des discussions sont en cours entre Bakou et Yerevan, même si elles n'ont pas encore pu aboutir. Nous les soutenons et nous le soutenons, vous le savez, avec nos partenaires de l'Union européenne, le Président de Conseil européen notamment, et avec les Etats-Unis. L'Azerdabjian doit comprendre qu'un accord rapide est indispensable. Il doit respecter le droit international, il doit rétablir la libre circulation comme la Cour internationale de justice le lui demande et permettre ainsi un meilleur acheminement de l'aide aux populations Haut Karabakh."